18 fèvrier 2008 |
L'Afssa remet son dernier rapport intitulé :
Mortalités, effondrements et affaiblissements des colonies d'abeilles.
Ce rapport recense une quarantaine de facteurs qui peuvent expliquer la disparition progressive des abeilles depuis les années 1980. Aux côtés des pesticides, déjà accusés par les apiculteurs, est désigné comme ennemi public n°1 le varroa, un acarien destructeur.
Récapitulatif des principales recommandations
Il est rappelé que la partie III de ce rapport, consacrée aux recommandations, n’a pas
fait l’objet d’une hiérarchisation des propositions qu’elle rassemble.
- 1 - Épidémiosurveillance des maladies des abeilles :
- création d’un réseau d’épidémiosurveillance dont la gestion serait assurée par une
unité centrale ;
- 2 - Organisation de la filière apicole française :
- Création d’un institut technique apicole regroupant une interprofession du miel
visant la mise en place de plans d’actions prophylactiques et la création de
nouveaux outils destinés aux exploitants apicoles, favorisant le dialogue entre
différents acteurs (notamment agriculteurs/apiculteurs ou industriels
pharmaceutiques/apiculteurs) ;
- 3 - Réglementation de la filière :
- Remise en vigueur de la déclaration annuelle du nombre de ruches dans un but
strictement sanitaire par les exploitants apicoles ;
- mise en oeuvre de mesures coercitives en cas de non respect de la réglementation
en vigueur.
- 4 - Amélioration et conservation de l’activité de pollinisation :
- Diverses mesures sont explicitées dans le chapitre 3.3.3.
- 5 - Recherche appliquée :
Divers points, présentés dans le chapitre 3.4, s’appliquent à :
- la lutte contre les agents pathogènes biologiques de l’abeille domestique ;
- la zootechnie en apiculture ;
- l’étiologie multifactorielle des troubles constatés dans les colonies d’abeilles.
Ces recommandations sont en phase avec celles obtenues dans le rapport Saddier
(Saddier, 2008) et notamment sur les points suivants :
- l’organisation de le filière apicole ;
- l’obligation d’une déclaration annuelle des ruches ;
- la création d’une interprofession du miel ;
- la définition du statut d’apiculteur ;
- la création d‘un institut technique apicole ;
- l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques apicoles ;
- la mise en place d’un protocole d’expertise en cas d’intoxication ;
- la protection sanitaire des abeilles ;
- la mise en place d’une filière de production de reines ;
- les ressources alimentaires (jachères apicoles) des abeilles ;
- les principaux nouveaux parasites des abeilles, etc.
CONCLUSION
La réflexion menée au sein du groupe de travail a permis de réunir de nombreuses informations, publiées dans la littérature scientifique internationale ou à partir d’auditions.
Ces informations ont permis de dresser un inventaire quasi exhaustif des causes de maladie des abeilles, notamment de mortalité des colonies d’abeilles. Il montre la très grande diversité des facteurs biologiques, chimiques et d’environnement qui peuvent jouer un rôle néfaste, de façon indépendante ou associée, sur les colonies d’abeilles.
Compte tenu de cette grande diversité, du coût des investigations nécessaires pour aboutir à un diagnostic exact et précis, du rôle de l’Etat, limité à un petit nombre de maladies réputées contagieuses, de l’hétérogénéité de la population des propriétaires de ruchers et, à ce jour, du peu de données disponibles permettant d’analyser ou de chercher à interpréter les rares éléments factuels disponibles, il est actuellement difficile de disposer d’une image fiable de la situation sanitaire de la filière apicole française.
Le deuxième chapitre de ce rapport met l’accent sur les dominantes pathologiques affectant les colonies d’abeilles en France et sur les obstacles empêchant une meilleureconnaissance de la situation. Les facteurs identifiés à l’origine de mortalité importante des colonies ont été essentiellement biologiques, en particulier, l’agent de la varroase.
La réflexion menée n’a pas permis de confirmer l’hypothèse d’un rôle prépondérant attribué aux pesticides par des professionnels de l’apiculture, dans la mortalité des colonies d’abeilles françaises.
Cependant, des traces de nombreuses substances phytopharmaceutiques sont souvent détectées au sein des matrices apicoles et la question de leur rôle éventuel comme facteurs adjuvants d’agents pathogènes biologiques majeurs ou mineurs, demeure posée.
Ce rapport aboutit enfin à des recommandations destinées à mieux appréhender l’état sanitaire de la filière à l’avenir, notamment grâce à la mise en oeuvre d’une meilleure épidémiosurveillance, à l’amélioration de l’organisation de la filière, en particulier avec la création d’un institut technique apicole, et à l’acquisition de connaissances utiles, à l’aide d’actions de recherche appliquée.
Encore un rapport bien complaisant qui ne fait pas le lien direct entre les pesticides et la surmortalité des colonies d'abeilles françaises !!!!!!!.
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05 décembre 2009 |
Les abeilles décimées. Les apiculteurs Normands ont le bourdon. .
Communiqué du Mouvement Normand
Dans un article en date du 25 novembre dernier, Ouest-France relate l’audience du tribunal correctionnel d’Avranches qui voit s’affronter un apiculteur, M. Patrick Lefebvre, à l’un de ses voisins, arboriculteur, par ailleurs maire du Petit-Celland, M. François Serrant. Que reproche le premier au second ? L’utilisation dans son verger d’un produit destiné à l’éclaircissage chimique des pommiers, le « seguin 85 ». Celui-ci contient une substance, le carbaryl, interdit depuis 2008 à la commercialisation. D’après l’apiculteur, ce produit serait la cause d’une mortalité particulièrement élevée dans son cheptel d’hyménoptères (nom savant des abeilles). Le jugement sera attendu avec impatience le 12 janvier 2010 car il est rare que les plaintes – nombreuses pourtant – des apiculteurs soient prises en considération et cela pourrait faire jurisprudence. Ce fait divers a amené le Directorat Vert (problèmes agricoles et environnementaux) du Mouvement Normand et l’Organisation Normande de Défense de l’Environnement (O.N.D.E.) à se pencher sur les problèmes récurrents de l’apiculture. D’abord un constat : depuis que nos équipes dépouillent systématiquement la presse, ce sont des centaines d’articles qui sont consacrés dans les journaux nationaux et normands aux menaces qui pèsent sur les ruches. L’affaire retient l’attention de tous les commentateurs et ce n’est pas le manque d’information qui pose problème, mais bel et bien le déferlement de commentaires, d’hypothèses, de prises de position, voire de rumeurs infondées ou exagérées, qui plombe ce dossier pourtant essentiel. Ensuite, en essayant de mettre en évidence les faits incontestables, nous allons nous efforcer de hiérarchiser ces informations pour pouvoir sortir de l’ »incantation médiatique » (mot cruel de Philippe Vannier, directeur de l’Agence Française de Santé et de Sécurité Alimentaire – AFSSA). Enfin, nous récapitulerons les propositions de mesures préconisées par les professionnels et spécialistes en nous interrogeant particulièrement sur celles qui pourraient être mises en œuvre en Normandie. Un poids économique et social considérable Quel est le poids économique de l’apiculture ? Le primat de l’économie régissant notre société, nous commencerons par l’évaluation du poids économique – et social – de l’apiculture en France : D’après des chiffres fournis lors de la tenue d’APIMONDIA, 41è Congrès international des Apiculteurs, qui s’est tenu à Montpellier du 15 au 19 septembre 2009, en présence de 10 000 congressistes, il y aurait 70 000 apiculteurs en France, dont 3% ne vivraient que de la seule apiculture, mais possèderaient près de 50% des ruches. 15 000 apiculteurs auraient cessé leur activité depuis 20 ans. La production de miel français est de 20 000 tonnes. La consommation est double : on en importe donc de 15 000 à 20 000 tonnes tous les ans (d’Argentine, du Mexique, de Hongrie, de Chine). Le rôle des abeilles dans la pollinisation a été évalué : 50% de l’ensemble de cette pollinisation et certaines plantes ne se reproduisent que grâce à ces insectes (arbres fruitiers : pommiers, poiriers, pruniers ; légumes : courgettes, poireaux, salades ; plantes industrielles : colza, tournesol, etc.). A l’inverse, les céréales se passent de la contribution des abeilles. Selon Nicole Gallai, chercheuse, la valeur de l’activité pollinisatrice des abeilles s’élèverait à deux milliards d’euros en France (9% de la valeur de la production agricole). Des organismes internationaux estiment à 153 milliards d’euros l’activité pollinisatrice des abeilles dans le monde en 2005. C’est donc du lourd ! Un millier d’espèces d’abeilles en France, toutes en danger Il y a entre 850 et 1000 espèces d’abeilles en France et 20 000 dans le monde. En Normandie, la race locale est l’abeille noire – Apis mellifica mellifica -, dont on verra plus loin qu’elle est menacée par des espèces invasives et par le métissage intempestif. « On estime qu’autour de 30% des espèces naturelles d’abeilles sont en danger en Europe. C’est considérable » (Bernard Vaissière, de l’INRA). De 1997 à 2004, 500 000 ruches ont disparu en France. On peut comprendre l’inquiétude des apiculteurs. On a observé une surmortalité hivernale (40% en 2007 – 2008). A l’inverse, l’hiver précédent avait connu une mortalité normale des abeilles (10%). Hiver doux ? Année qui a suivi l’interdiction du « gaucho » et du « régent » ? Les deux hypothèses ont été avancées, mais de toute manière, cela n’expliquerait pas le déclin des essaims tout au long de l’année. Selon la Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles (FNOSA), la production aurait été divisée par deux en vingt ans. Pourquoi ? « Gaucho » et « Régent » hors de cause ? D’après l’AFSSA, on a recensé 40 causes de surmortalité chez les abeilles. Ce qui signifie en clair que la levée de boucliers – peut-être justifiée – contre les « gaucho », « régent » et autres « cruiser » n’explique pas tout. Loin de là. « Aucun cas d’intoxication impliquant des résidus de produits dans le pollen ou le nectar d’espèces végétales issues de semences traitées n’a été recensé dans la littérature ou par les réseaux » (rapport de l’AFSSA)… Mais l’organisme corrige son information : les problèmes liés à l’utilisation des insecticides résultent de dosages excessifs en période de floraison, mais il y aurait aussi des défauts de fabrication dans les semences enrobées (in Le Figaro, 23 janvier 2009 : « Apiculteurs et agriculteurs renvoyés dos à dos »). Le rapport de l’AFSSA corrobore quelque peu les véhéments dénégations de Gil Rivière–Wekstein contenues dans son ouvrage « Abeilles, l’imposture écologique » - sous-titre « L’affaire des insecticides maudits » (Editions Le Publieur – 2006) cherchant à innocenter le « gaucho » et le « régent ». Mais est-ce absolument convaincant ? Le « gaucho », quoi qu’il en soit, a vu son utilisation suspendue sur les semences de tournesol en 1999, par le Ministère de l’Agriculture. En 2004, l’interdiction est étendue aux semences de maïs. L ‘Union Nationale des Apiculteurs de France (UNAF) souhaitait cette année-là l’interdiction du « gaucho » sur les céréales et les betteraves et obtenait que le « régent » fût déclaré inutilisable en 2004. Au grand dam du chimiste allemand BASF. Le Comité scientifique et technique de l’étude multifactorielle des troubles des abeilles avait mis en évidence des résultats « préoccupants, qui ne permettaient pas d’exclure des risques inacceptables » pour les abeilles. C’est le même comité scientifique qui, en 2003, avait remis un rapport très critique sur le « gaucho » (produit par Bayer)… Pourtant, en juin 2008, le procureur général de Saint-Gaudens déposait un réquisitoire demandant un non-lieu général dans le procès opposant les associations d’apiculteurs aux géants Bayer et BASF : « Il n’y a pas de lien incontestable entre la présence du fipronil (matière active du « régent ») et la surmortalité des abeilles ». L’avenir des abeilles dans les villes ? Que faut-il penser de ces joutes judiciaires ? N’y a-t-il pas des réalités difficilement contestables entre la surmortalité des abeilles dans l’espace rural et la relative bonne santé de ces chers hyménoptères élevés en ville, où il n’y a pas d’utilisation de « régent » ou de « gaucho » ? Car, ce n’est pas le moindre des paradoxes : l’avenir du rucher français réside peut-être dans sa préservation dans l’habitat urbain. Selon le Courrier Cauchois du 21 août 2009, Alain Cauchy, président du Centre d’Initiation et de Vulgarisation pour l’Apiculture Moderne de Normandie (CIVAM) : « Les abeilles ont de plus en plus de mal à survivre à la campagne. La pollution, l’utilisation des engrais et de pesticides, la diminution de la biodiversité sont autant de facteurs négatifs qui leur rendent la vie de plus en plus difficile », alors que « pour le confort et le bien-être des habitants, les villes ont augmenté ces dernières années les espaces verts et, souvent, cherchent à utiliser le moins possible de produits phytosanitaires. Du coup, ces territoires urbains permettront aux abeilles de survivre ». Et de se réjouir que « la flore du Jardin des Plantes de Rouen, qui y est d’une extrême richesse, va promettre de donner un miel exotique pour sa première année ». Même si le « gaucho » et le « régent » ne sont pas les « insecticides maudits », dénoncés par les apiculteurs, ces derniers sont vent debout contre un nouvel insecticide, le « cruiser », autorisé depuis 2008, produit par le suisse Syngenta : « C’est un nicotinoîde qui enrobe les semences de maïs. Désormais les graines de maïs sont enrobées de ce produit qui se diffuse pendant la croissance de la plante, celui-ci étant véhiculé par la sève. Théoriquement, cet insecticide doit tuer les insectes piqueurs. Visiblement, il opère jusque dans la fleur de maïs. Lorsque l’abeille récolte le pollen, elle s’empoisonne ». (Presse de la Manche, 16 octobre 2009). L’agression des insecticides et des pesticides est loin d’être minimisée, mais elle ne saurait cacher toutes les autres causes de la surmortalité des abeilles. Ce qui menace aussi les abeilles… Parmi les « quarante coupables » potentiels répertoriés par l’AFSSA, il y a la monoculture dans les zones de production intensive de l’agriculture, qui entraîne une carence chez l’abeille ayant besoin de plusieurs pollens (Là encore, avantage pour la ville et, notamment, les jardins familiaux ou ouvriers, cf Paris-Normandie, 9 août 2008). Mais le principal ennemi des abeilles est le varroa (varroa destructor). C’est un acarien qui se nourrit de l’hémolymphe de l’abeille et qui transmet une maladie, la varroase. Le varroa est arrivé en France vers 1980, venant d’Indonésie (la mondialisation est donc une des causes de la surmortalité des abeilles, notamment par le commerce des reines). La femelle du varroa pond ses œufs dans une cellule occupée par une larve d’abeille. Nourris par la nourriture apportée par les ouvrières de la ruche, les jeunes varroas s’attaquent aux abeilles sept à neuf jours plus tard. Il semble malheureusement que peu d’études ne soient menées pour lutter contre le varroa ou éradiquer la varroase. Dernier en date des fléaux qui assaillent l’abeille : l’arrivée du frelon asiatique. Le frelon d’Asie – vespa velutina – est un prédateur, arrivé à Bordeaux en 2005. Il envahit le sud-ouest depuis et remonte vers le nord. En août dernier, un nid de frelons asiatiques a été détruit au Blanc-Mesnil, en Ile de France. La Normandie ne semble pas encore touchée, mais l’alerte est générale. « Il suffit de cinq à six frelons pour décimer une ruche » (Henri Clément, président de l’Union Nationale de l’Apiculture Française, in Direct-Matin, 28 septembre 2009). L’abeille normande agressée A tous ces maux qui affligent les abeilles en France s’ajoute une particularité régionale (en Normandie tout spécialement, mais cela concerne tout le nord-ouest du pays) : l’abeille noire – apis mellifica mellifica – que l’on nomme aussi l’abeille normande subit l’apparition de races d’abeilles invasives, nettement plus agressives. « Pourtant l’apis mellifica mellifica, race parfaitement intégrée à l’environnement local par sa biométrie rencontrent malheureusement des abeilles d’autres races et les croisements sont nombreux et nuisent à la préservation de l’espèce » (Jean Dufrène, du Centre d’Etude Technique Apicole de Merval, in Paris-Normandie, 15 juillet 2009). Jean-Marie Godier, responsable de la section Abeille Noire, de l’Abeille Normande du Calvados (ANC) dénonce, quant à lui, « l’importation, hélas légale, d’abeilles d’autres races et les métissages ou « tripotis » entre différentes espèces » (in La Renaissance du Bessin, 29 mai 2009). Parmi ces espèces envahissantes, les abeilles italiennes, caractérisées par les deux anneaux jaunes qu’elles portent sur le dos, d’où le nom d’ »abeilles jaunes »… A cause de ces importations intempestives, de nouvelles maladies ou de nouveaux parasites ont décimé le cheptel d’abeilles noires, dont le fameux athina tunida, « le petit coléoptère de la ruche ». Jean Dufrène, précédemment cité, raconte qu’en 2008, 180 ruches de « linguistica » et de « buckfast » (deux races étrangères) ont été implantées sur les plateaux est de Rouen. Depuis, il n’y a plus d’abeilles noires. Aussi préconise-t-il une intervention des autorités pour que soient délimités des conservatoires suffisamment étendus pour que l’abeille noire soit préservée. Pour une politique apicole régionale Pour le Mouvement Normand et l’Organisation Normande de Défense de l’Environnement, il est temps de conclure et de proposer aux autorités régionales normandes une politique concertée de défense de l’apiculture en Normandie. Nous reprenons les suggestions faites par les nombreux spécialistes que nous avons ou non cités ci-dessus. 1-Il faut qu’en Normandie il se crée un Institut technique apicole, s’inspirant de la proposition faite par le député UMP Martial Saddier, auteur d’un rapport remarqué : « Pour une filière apicole durable ». Cette création implique une parfaite connaissance du rucher normand : cela passe par une déclaration annuelle obligatoire du nombre de ruches « dans un but strictement sanitaire ». 2-Il faut poursuivre les études concernant les potentiels effets nocifs des pesticides et insecticides (« gaucho », « régent », « cruiser » surtout). En concertation avec les responsables agricoles, il conviendra à tout le moins d’être plus stricts sur les dosages et les dates d’épandage. 3-Il faut, en concertation cette fois, avec l’Université et les organismes spécialisés, entreprendre des études poussées sur la varroase et la lutte contre le varroa, sans oublier les autres maladies (nosema ceranae, israeli acute paralysis virus). 4-Il faut une veille constante pour voir arriver – car il viendra – le frelon asiatique et mettre à la disposition des apiculteurs et des pouvoirs publics tout l’appareillage nécessaire pour déloger les nids de vespa velutina (perches télescopiques, doses d’insecticides radicaux). Surtout ne pas attendre pour intervenir dès qu’une telle apparition est signalée. 5-Sauvegarder des friches de mauvaises herbes mellifères. Etienne Minot, défenseur de la biodiversité, dans un exposé prononcé à Beaumesnil cet été, s’est prononcé pour que subsistent des zones où poussent le solidage, la consoude, le tussilage, le lotier corniculé, la renouée des oiseaux, la linaire, le saule Marsault, même et y compris le chardon, « plante qu’il est interdit de laisser monter à graines, mais qui est très intéressante d’un point de vue mellifère ». Etienne Minot estime que si 10% de nos jardins avaient des plantes mellifères (pas seulement des mauvaises herbes, évidemment), la France pourrait produire 50 000 tonnes de miel et devenir exportatrice ! 6-Encourager les villes et les citadins, d’une part, au fleurissement, d’autre part, à la non-utilisation de produits phytosanitaires qui ne s’imposent pas. Des concours pourraient être organisés visant à accroître le nombre de ruches urbaines, notamment dans les jardins et sur les toits des immeubles. 7-Créer des conservatoires de protection de l’abeille noire, tout en limitant ou réglementant l’importation de reines italiennes ou caucasiennes. Reprenant la suggestion de Jean Dufrène, il nous semble que le Parc de Clères et un large périmètre adjacent pourrait être choisi comme premier conservatoire. Il servirait aussi d’observatoire sanitaire de l’apiculture normande en collationnant toutes les données observées çà et là en matière d’élevage naturel ou artificielle des reines. « L’élevage et l’insémination artificielle des reines peuvent avoir des conséquences insoupçonnées sur les rendements et la survie des colonies. Ces pratiques court-circuitent plusieurs étapes de la sélection naturelle » (Freddie-Jeanne Richard, de l’Université de Poitiers). 8-Promouvoir la filière apicole en déterminant des « crus » de miel de Normandie, en liaison avec la marque « Gourmandie » Pour terminer, nous souhaiterions faire un sort à une prophétie imaginaire attribuée à Albert Einstein et répétée à satiété par des journalistes en mal de sensation et en panne d’imagination : « Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre ». Einstein n’a jamais prononcé cette phrase, qui n’apparaît dans la littérature catastrophiste de l’écologisme pétochard et apocalyptique qu’en … 1994, lors d’une manifestation d’apiculteurs, en colère et facétieux, à Bruxelles. Le pire n’est jamais inéluctable : l’homme a cette faculté, c’est d’affronter son destin.
Pour le Directorat Vert (Problèmes agricoles et environnementaux) du Mouvement Normand & pour l’Organisation Normande de Défense de l’Environnement Guillaume LENOIR et Pierre LEBIGRE
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